Le festivalMural, édition 2023. Mural, c’est un festival gratuit pour démocratiser l’art urbain, qui a lieu tous les ans à Montréal depuis 2012. Le festival fête donc son 11ème anniversaire!
Mural, c’est des dizaines d’artistes, des plasticien.ne.s, des graffeur.se.s, des peintre.sse.s et des musicien.ne.s réuni.e.s une dizaine de jours.
Dans les rues, et notamment sur le boulevard Saint Laurent, les food trucks, les portes ouvertes des magasins et les stands défilent. La foule déambule et s’arrête, danse et observe. Les Montréalais.e.s sont beaux/belles. C’est ce que je me répète chaque été passé ici. L’ambiance de cette ville est difficilement comparable.
Ça sent la peinture, l’encens et la friture. Drôle de melting pot. Le soleil tape fort et les gens ont le sourire.
Tima, la poésie de l'instant
A l’écart du brouhaha de la foule, nous retrouvons Tima. En contraste avec toute l’agitation alentour, concentrée et calme. Du moins, c’est ce qu’on perçoit assis sous sa nacelle. C’est méditatif de la voir donner ses coups de pinceaux, précis et à la fois si efficaces. Donner le temps au mur d’être peint, éléments après éléments.
Tima, c’est une street artiste et plasticienne marocaine originaire de Khouribga au Maroc. Elle a commencé à peindre aux Beaux Arts sur des toiles, avant de commencer à peindre des murs. Cette murale, c’était la première de cette envergure.
La suivre dans son processus créatif, ça apprend à être patient.e.s. On ressent le stress de la bataille contre la montre, du temps imparti, qui est si contradictoire avec le temps qui semble arrêté en regardant progressivement la fresque apparaître.
C’est beau de prendre le temps de s’arrêter pour contempler. C’est beau, d’AVOIR le temps de s’arrêter pour contempler. C’est une chance qui nous est si peu donnée.
Après plusieurs jours, Tima nous a accordé.e.s sa confiance pour un premier “en tête-à-tête” de Voix Nomades. Dans le recoin du parking, elle s’est confiée sur ses débuts, sur ce qui l’avait amenée à peindre des fresques, sur l’expression de sa sensibilité à travers son art, sur l’héritage de sa culture et de ses proches dans ces tableaux.
Pendant ces quelques jours passés avec elle à Mural, nous sommes passé.e.s de l’excitation au stress, de la fatigue aux doutes, du désarroi à l’espoir. Avec Tima, nous avons beaucoup appris sur ce qu’on avait choisi d’entreprendre. Sur les petites victoires comme sur les échecs. Sur les grandes avancées comme sur les erreurs. Nous avons appris à nous adapter, l’un.e à l’autre mais aussi à elle. Chaque métier créatif partage son lot de montagnes russes. Et au-delà du métier, c’est aussi l’expérience de la vie.
Nous sommes revenu.e.s quelques jours après le retour de Tima au Maroc pour contempler son œuvre terminée. Quelques heures à réimaginer les derniers coups de pinceaux, les dernières danses avec le rouleau, les dernières finitions. Quelques heures à interpréter ce que Tima qualifie de :
L’oeuvre de tout le monde.
Préférant laisser les spectateur.ice.s lui donner son sens plutôt que de leur livrer. Quelques heures à refaire le fil de tout le travail accompli, et de la poésie qui s’en dégage par les couleurs pastels et le visage énigmatique de son personnage.
Merci, Tima, de nous avoir permis de vivre avec toi cette expérience hors du temps.
Si tu souhaites aller contempler son oeuvre, tu trouveras l’adresse juste ici :